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Page:Ségur - Jean qui grogne et Jean qui rit.djvu/114

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de temps à autre une larme qui roulait sur sa joue, il me la cachait, et il croyait que je ne la voyais pas et que je n’en versais pas moi-même. »

Hélène cacha son visage dans ses mains ; Kersac l’entendit sangloter.

« Voyons, ma bonne dame Hélène, dit-il, ayez courage… L’enfant n’est pas malheureux ! Le bon Dieu lui est venu en aide.

Hélène.

En vous envoyant près de lui comme un bon ange, c’est vrai, monsieur. Et puis, avant vous, un autre homme du bon Dieu l’avait pris en pitié ; ce bon monsieur est venu me voir ; il m’a apporté vingt francs de la part de mon pauvre Jean ; comme si Jean avait jamais eu vingt francs dans sa bourse ! Il m’a fallu les prendre, sous peine d’offenser ce bon monsieur.

Kersac.

Jean m’a raconté cette rencontre du prétendu voleur.

Hélène.

Les vingt francs sont venus bien à propos, monsieur ; pas pour moi, car j’ai l’habitude de vivre de peu…

Kersac, ému.

Pauvre femme.

Hélène.

Mais c’était pour la petite fille, monsieur. Avec vingt francs j’ai de quoi la nourrir pendant six semaines, et il faut espérer que les parents viendront la réclamer avant que les vingt francs soient mangés.