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Page:Ségur - Jean qui grogne et Jean qui rit.djvu/115

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Kersac.

Ne vous inquiétez pas de la petite fille, ma bonne dame Hélène : j’y pourvoirai.

Hélène.

Vous, monsieur ! Mais vous ne me connaissez pas ! Vous pouvez croire…

Kersac.

Si fait, si fait, je vous connais ! Je vous connaissais avant de vous avoir vue, et à présent je vous connais comme si nous étions de vieux amis. Je reviendrai vous voir. Je cours souvent le pays pour les besoins de ma ferme ; je passerai par chez vous toutes les fois que j’aurai du temps devant moi. Au revoir donc et prenez courage. Je suis content de vous laisser calme ; cela me faisait mal de vous voir pleurer. »

Kersac fit un salut amical à Hélène, caressa la pauvre petite fille abandonnée, à laquelle il s’intéressait déjà, et alla détacher son cheval. Il monta dans sa carriole et s’éloigna rapidement.

Hélène le suivit longtemps du regard ; puis elle rentra, soupira et leva les yeux au ciel.

« Merci, mon Dieu et ma bonne sainte Vierge ! dit-elle avec ferveur ; vous m’avez envoyé un protecteur pour mon petit Jean, et du pain pour cette malheureuse enfant ! »

Et elle se remit à son rouet.