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Page:Ségur - Jean qui grogne et Jean qui rit.djvu/202

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danseur si bien habillé ; toutes les demoiselles envièrent le bonheur des deux sœurs.

« Aimée et Yvonne ont toujours de la chance, dit une grosse laide fille rousse qui dansait peu en général, et qui avait une robe en crêpe rose fanée, sur un jupon en percale blanche plus court que la robe.

— C’est qu’elles sont les filles de la maison, dit Mlle Clorinde (robe de mousseline blanche, corsage en pointe, bouquet piqué au bas de la pointe, qui la gênait pour s’asseoir) ; c’est par politesse qu’on les invite.

— C’est plutôt parce qu’elles sont bonnes et aimables », dit une troisième, petite blonde de dix ans.

Les salons se remplissaient ; toutes les industries y étaient représentées : fumistes, bouchers, serruriers, épiciers, fleurs artificielles, papetiers, modistes, lingères, cordonniers, etc. Les toilettes étaient, les unes simples et jolies, les autres recherchées, fanées, prétentieuses ; des turbans, des bouquets de plumes, de fleurs, des étoffes fanées, riches, des couleurs éclatantes, tranchaient sur des visages jeunes, frais ou vieux, ridés et plus fanés que leurs robes et leurs coiffures. La musique se faisait entendre, les danses commencèrent ; dans les intervalles des contredanses, on courait aux rafraîchissements. Jean et les plus jeunes danseurs virent avec une vive satisfaction l’abondance des gâteaux, des sirops, des fruits glacés. Jean avait bien dit ; c’était, croyait-il, genre haut commerce,