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Page:Ségur - Jean qui grogne et Jean qui rit.djvu/218

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Il est parfaitement rendu dans mon tableau ; c’est ce qui en fera la beauté et le succès.

Caïn.

Quarante mille francs ne sont pas à dédaigner.

Abel.

Que me font quarante mille francs ajoutés à tout ce que j’ai déjà gagné et à ce que je puis gagner encore, moi qui vis comme un artiste et qui ai à peine vingt-huit ans.

Caïn.

Tu as raison ; mais c’est dommage ! »

Quand Jeannot rentra chez lui, il s’empressa de retirer et de compter l’argent qu’il avait mis dans sa poche : il eut beau compter et chercher, il ne trouva pas la pièce d’or que lui avait donnée l’inconnu ; son désespoir fut violent ; il avait compté sur ces vingt francs pour acheter à Simon les habits qu’il lui avait prêtés et dont il avait besoin. Il pleura, il se tapa la tête de ses poings, mais ce grand désespoir ne lui rendit pas ses vingt francs.

Après avoir réfléchi sur ce qu’il devait faire, il résolut d’aller le lendemain raconter l’affaire à Jean, pour chercher à l’apitoyer et à se faire rendre les quatre francs de punch qu’il avait payés. Cet espoir le calma et il s’endormit paisiblement.

Le lendemain de bonne heure, Jeannot profita d’une course que son maître lui fit faire pour entrer au café Métis et pour parler à Jean.

Simon était avec son frère, ce qui contraria Jeannot : il craignait que Simon ne se laissât pas prendre comme Jean à ses pleurnicheries et à ses