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Page:Ségur - Jean qui grogne et Jean qui rit.djvu/219

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supplications. Après avoir vainement attendu quelques minutes que Simon le laissât seul avec Jean, il se décida à parler.

« Je suis malheureux, mon bon Jean, commença-t-il ; j’ai fait hier une bien grande perte.

Jean.

Une perte ? toi ? Qu’as-tu donc perdu ?

Jeannot.

Je voulais acheter à Simon les habits qu’il m’a prêtés hier soir, et j’avais mis dans ma poche une pièce de vingt francs pour les payer, et lorsqu’en rentrant, j’ai voulu la retirer, elle n’y était plus. »

Simon fit un geste comme pour se lever de dessus sa chaise, mais il se rassit et ne dit rien. C’était M. Abel qui venait d’entrer et qui lui faisait signe de se rasseoir et de laisser parler Jean et Jeannot ; ils lui tournaient le dos et ne pouvaient pas le voir.

Jean.

Vingt francs ! tu as perdu vingt francs ? Pauvre Jeannot ! je te plains de tout mon cœur. »

Ce n’était pas ce que voulait Jeannot ; il espérait mieux que cela du bon cœur de Jean. Il continua :

Jeannot.

Et encore, si je n’avais pas été obligé de payer ce punch maudit, j’aurais pu vous donner, ce mois-ci, la moitié du prix des habits et achever de les payer le mois qui vient… Je suis bien malheureux, Jean !

Jean.

Mon pauvre Jeannot, je suis bien triste pour toi ;