Page:Ségur - Jean qui grogne et Jean qui rit.djvu/231

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teuil ; j’en ai apporté un dans la carriole… Vous ne m’en voulez pas, n’est-ce pas, ajouta-t-il, de ce que je me soigne comme une petite-maîtresse. Je deviens douillet en prenant des années ; mais vous êtes bonne et vous n’en penserez pas plus mal de moi, n’est-ce pas ?

Hélène.

Mal ? que je pense mal de vous ? Comme si je ne voyais pas pourquoi vous apportez tout cela ? Cette table, c’est pour vous, n’est-ce pas ?

Kersac.

Certainement ! Je déteste manger sur le pouce.

Hélène.

Et l’armoire ? c’est pour vous encore ?

Kersac.

L’armoire, c’est pour serrer les petites provisions que je vous apporte et que je viens manger chez vous ; je n’aime pas les choses qui traînent : ça me taquine, ça me gêne.

Hélène.

Et le lit de la petite ?

Kersac.

Le lit est pour savoir ma protégée bien couchée. Je n’aime pas à voir un lit brisé, malpropre.

Hélène.

Et le linge ? et la vaisselle ? et le bois ? et tant d’autres choses ?

Kersac.

Le linge, c’est pour avoir de quoi m’essuyer quand j’arrive chez vous tout en transpiration. La vaisselle, c’est pour manger dedans ; le bois, c’est