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Page:Ségur - Jean qui grogne et Jean qui rit.djvu/253

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de gratification que vous aviez reçus et que vous m’avez envoyés tout d’un bloc. Quant à ma vie, elle ne me coûte pour ainsi dire rien, grâce aux bontés de M. Kersac, qui m’apporte tous les quinze jours des provisions pour la quinzaine. Il est bien bon, mes enfants, priez pour lui afin que le bon Dieu le bénisse et le récompense de ce qu’il fait pour moi. Je pars lundi pour Sainte-Anne, je crois que j’y serai heureuse. C’est là qu’il faudra m’écrire.

Lorsque Simon et Jean reçurent cette lettre, ils furent plus heureux encore que ne l’était leur mère ; ils bénirent le bon Kersac, et Jean lui écrivit le soir même une lettre pleine de reconnaissance et d’affection.

« Simon, dit Jean, une chose qui me revient, dans la lettre de maman, c’est ce qu’elle dit des huit cents francs qu’elle a reçus et des soixante francs de gratification. De quelle gratification veut-elle parler ? En as-tu reçu une de M. Métis ?

Simon.

Pas la moindre ! Ce n’est pas son genre, tu sais ; il est bien bon pour nous, il donne des permissions, il nous permet, par exemple, d’aller souvent le soir chez M. Amédée ; mais, quant à donner de l’argent, ce n’est pas son habitude.

Jean.

Et les huit cents francs ? Avons-nous envoyé tant que ça ?

Simon.

Non, certainement non. Mais c’est facile à voir : j’ai tout écrit à mesure. »