Page:Ségur - Jean qui grogne et Jean qui rit.djvu/27

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chercher. Je vous l’enverrai si elle vient chez moi.

« Et vous, mes enfants, continua-t-il en ouvrant un tiroir, voici un souvenir de moi qui vous sera une protection pendant votre voyage et pendant votre vie. »

Il retira du tiroir deux cordons noirs avec des médailles de la sainte Vierge et les passa au cou de Jean et de Jeannot, qui les reçurent à genoux et baisèrent la main du bon curé.

La petite fille avait fini de manger ; elle recommença à demander sa maman. Hélène l’emmena après avoir pris congé de M. le curé ; Jean et Jeannot la suivirent. Hélène espérait trouver la mère de la petite aux environs de l’église, devant laquelle ils devaient passez pour rentrer chez eux ; mais, ni dans l’église ni à l’entour de l’église, elle ne vit personne qui réclamât l’enfant.

La petite pleurait ; Hélène soupirait.

« Que vais-je faire de cette enfant ? pensa-t-elle. Je n’ai pas les moyens de la garder. Je ne me suis pas séparée de mon pauvre petit Jean pour prendre la charge d’une étrangère. Mais je suis bien sotte de m’inquiéter ; le bon Dieu me l’a remise entre les mains, le bon Dieu me donnera de quoi la nourrir, si sa mère ne vient pas la rechercher. »

Rassurée par cette pensée, Hélène ne s’en inquiéta plus ; elle la coucha au pied de son lit, la couvrit de quelques vieilles hardes ; le printemps était avancé, on était au mois de juin ; il faisait beau et chaud. Les petits garçons se couchèrent ;