Aller au contenu

Page:Ségur - Jean qui grogne et Jean qui rit.djvu/363

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Jeannot.

Oh ! que non. Il me replace bien vite dans une autre bonne maison, en me recommandant comme un sujet rare. En attendant une place, il me fournit de quoi vivre, sans quoi je parlerais. Et quant à se méfier de moi, je ne sais pas s’il s’en méfie, mais il n’en témoigne rien, toujours ; il n’oserait pas.

Kersac.

Quel mal pourrais-tu lui faire ?

Jeannot.

Quel mal ? Le dénoncer aux maîtres en faisant l’indigné, et en déclarant que je suis honnête homme, que je suis attaché aux maîtres, et que je ne peux plus souffrir de les voir trompés par un voleur. Ou bien un autre moyen, c’est d’écrire une lettre anonyme en plaignant le pauvre garçon (moi) de se trouver obligé, par la misère, à aider à ces friponneries qui le révoltent. »

Jean ne pouvait plus se contenir.

Jean.

Jeannot, ce que tu fais, ce que tu aides à faire est infâme ; c’est un vol abominable, une tromperie indigne. Jeannot, pauvre Jeannot, sors de cette maison, quitte Paris où tu as de mauvaises connaissances, retourne au pays ; notre bon M. Kersac aura pitié de toi, il te trouvera de l’ouvrage. Mais, mon pauvre Jeannot, je t’en supplie, ne reste pas dans cette maison de voleurs.

Jeannot.

Mon garçon, tu es un niais ; la maison est bonne et j’y resterai ; je veux être dans une maison riche,