Page:Ségur - Jean qui grogne et Jean qui rit.djvu/365

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Jeannot tira de l’or de sa poche, donna une pièce de vingt francs, empocha la monnaie, et sortit sans attendre ses compagnons.

Kersac et Jean sortirent aussi, mais ne suivirent pas Jeannot.

« Quelle canaille ! dit Kersac.

— Malheureux Jeannot ! dit Jean.

Kersac.

Ai-je eu de la peine à me tenir pendant que ce gredin nous défilait son chapelet de gueuseries ! Si je n’avais voulu le laisser se découvrir tout à fait, je lui aurais brisé la mâchoire d’un coup de poing dès la première tirade.

Jean.

Ah ! si j’avais l’esprit, l’instruction, la charité de M. Abel, j’aurais trouvé de bonnes paroles qui auraient peut-être touché le cœur de ce pauvre garçon.

Kersac.

Ah ! ouiche ! Un gueux comme ça ! Rien n’y fera ; c’est un être sans cœur, rien ne le touchera. Je le disais bien à ta mère, il finira par se faire coffrer ; pourvu qu’il ne se fasse pas mettre au bagne et qu’il se borne à la correctionnelle. Mais te voilà tout triste, mon enfant. Cela ne t’arrive pas souvent ! Entrons chez un bijoutier, tu m’aideras à bien choisir. »