Aller au contenu

Page:Ségur - Jean qui grogne et Jean qui rit.djvu/439

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Madame de Grignan.

Oui, mon ami ; vous seriez son mari et mon gendre ; le vrai frère de mon cher petit Roger, ajouta-t-elle en prenant les deux mains d’Abel dans les siennes. Ce cher petit ! il vous aimait tant ! Sa dernière parole a été votre nom. »

Mme de Grignan pleura dans les bras de ce fils qu’elle venait de se donner. Il lui baisa mille fois les mains en la remerciant du fond de son cœur.

Abel.

Ne puis-je voir Suzanne, chère madame ?

Madame de Grignan.

C’est trop juste ; je vais vous l’envoyer. »

Deux minutes après, Suzanne rentrait, souriante mais légèrement embarrassée.

« Suzanne ! dit Abel en allant à elle et lui baisant les mains, Dieu me récompense bien richement du peu que j’ai fait pour son service.

Suzanne.

Et moi, mon ami ? C’est à notre cher petit Roger que je dois ce bonheur, que j’ai si souvent demandé au bon Dieu, et que vous me refusiez toujours.

Abel.

Moi ! Ah ! Suzanne, comment n’avez-vous pas compris que je n’osais pas ? J’ai beau avoir été chamarré de décorations, avoir été fait baron, je ne croyais pas pouvoir prétendre à la jeune et charmante héritière demandée par les plus grands noms de France. Mon intimité avec vos parents, leurs bontés pour moi, et jusqu’à la grande amitié