Page:Ségur - Jean qui grogne et Jean qui rit.djvu/59

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Jean.

Je n’en sais rien, monsieur ; il a toujours peur. Jeannot, réponds donc à monsieur, qui a la politesse de s’inquiéter de toi.

Jeannot.

Que veux-tu que je dise ? Je ne peux pas causer, moi, quand j’ai peur.

Jean.

Là ! Quand je disais qu’il a peur.

L’homme.

Et de quoi as-tu peur, nigaud ?

Jeannot.

J’ai peur de votre cheval qui court à tout briser, et puis j’ai peur de vous aussi. Est-ce que je sais qui vous êtes ?

L’homme.

Comment ? Polisson, vaurien ! J’ai la bonté de te ramasser sur la route, et tu oses me faire entendre que je suis un mauvais garnement, un voleur, un assassin, peut-être. Si ce n’était ton camarade, je te flanquerais dehors et je te laisserais faire ta route à pied.

Jean.

Oh ! monsieur, pardonnez-lui ! Il ne sait ce qu’il dit quand il a peur. C’est une nature comme ça ? Il s’effraye de tout, et tout lui déplaît.

L’homme.

Pas une nature comme la tienne, alors : tu me fais l’effet d’être un brave garçon.

Jean.

Dame ! monsieur, je suis comme le bon Dieu m’a