Page:Ségur - Jean qui grogne et Jean qui rit.djvu/78

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« J’ai les jambes engourdies d’avoir été assis toute la journée ; si tu veux venir avec moi, nous irons dans la campagne voir les environs ; on dit que le pays est joli. »

Jean accepta avec joie ; il eut bien envie de dire :

« Et Jeannot ? »

Mais il n’osa pas ; il voyait l’antipathie de Kersac pour son cousin.

Ils partirent donc, laissant à l’auberge Jeannot, qui, cherchant à se rendre utile comme Jean, s’offrit pour faire boire le cheval quand il aurait mangé son avoine. Kersac fut surpris de l’obligeance de Jeannot, mais il accepta d’après un regard et un geste suppliant de Jean.

« Au fait, dit-il, nous aurons plus de temps pour nous promener, n’ayant plus à nous inquiéter du cheval. »

Et ils se dirigèrent hors de la ville. Il faisait un temps magnifique ; le soleil se couchait ; la chaleur était passée ; le pays était joli ; ils marchèrent assez longtemps, causant de choses et d’autres ; il amusait et intéressait Kersac par mille petits récits de son enfance et de sa famille. Plus Jean se faisait connaître à Kersac, plus celui-ci s’y attachait et désirait l’attacher à son service.

« Il y a si longtemps, dit-il, que je cherche un garçon tout jeune à former, et je le cherche intelligent, serviable, actif comme toi.

Jean.

Vous vous faites illusion, monsieur ; je n’ai pas les qualités que vous me croyez.