Page:Ségur - Jean qui grogne et Jean qui rit.djvu/77

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verai-je plus tard, et sans Jeannot, pour le coup. Il dort toujours, le paresseux ! »

Jeannot ne dormait pas, il avait tout entendu ; la générosité de Jean le toucha : il se promit de lui venir en aide à l’avenir et de ne plus être maussade comme il l’avait été.

La route s’acheva gaiement pour Jean, qui questionnait Kersac sur le pays qu’ils parcouraient. Celui-ci lui répondait amicalement et revenait sans cesse sur son désir de l’avoir à son service. Jean le remerciait et répétait son refrain :

« Et Jeannot ? »

Si bien qu’en arrivant à Malansac, Kersac ne pouvait plus souffrir Jeannot, qui le lui rendait bien.

« Pourquoi ce méchant homme veut-il absolument forcer Jean à m’abandonner ? se demandait Jeannot. Il n’est pas possible qu’il tienne beaucoup à Jean, qu’il ne connaît pas ; c’est donc pour le plaisir de me faire du mal, pour me jeter tout seul sur la grande route ! Que je déteste cet homme ! Si jamais je le rencontre quand je serai grand et fort je lui jouerai un tour, un mauvais tour, si je le puis. »

Ils arrivèrent à Malansac. Jean offrit à Kersac de soigner son cheval encore cette fois ; Kersac accepta.

Il était près de huit heures, mais il faisait grand jour encore. Lorsque Kersac, aidé de Jean, eut fini d’arranger son cheval, il lui proposa de faire une promenade hors de la ville.