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L’AUBERGE DE L’ANGE-GARDIEN.

vrir les épaules de Paul, puis de me coucher sur ses jambes pour les réchauffer. Et tout de suite il s’est endormi. J’étais bien content ; je n’osais pas bouger pour ne pas l’éveiller ; et j’ai remercié la bonne sainte Vierge ; je lui ai demandé de me donner à déjeuner demain parce que j’avais très-faim et je n’avais plus rien pour Paul ; j’ai pleuré, et puis je me suis endormi aussi ; et la sainte Vierge vous a amené sous le chêne. Elle est très-bonne, la sainte Vierge. Maman me l’avait dit bien souvent : Quand vous aurez besoin de quelque chose, demandez-le à la sainte Vierge ; vous verrez comme elle vous écoutera. »


J’ai prié la sainte Vierge.

L’homme ne répondit pas ; il serra la main du petit Jacques plus fortement dans la sienne, et ils continuèrent à marcher en silence. Au bout de quelque temps, l’homme s’aperçut que la marche de Jacques se ralentissait.

« Tu es fatigué, mon enfant ? lui dit-il avec bonté.

— Oh ! je peux encore aller. Je me reposerai au village. »

L’homme enleva Jacques et le mit sur ses épaules.

« Nous irons plus vite ainsi, dit-il.

JACQUES.

Mais je suis lourd ; vous allez vous fatiguer, mon bon monsieur.

L’HOMME.

Non, mon petit, ne te tourmente pas. J’ai porté plus lourd que toi, quand j’étais soldat et en campagne.

JACQUES.

Vous avez été soldat ; mais pas gendarme ?

L’HOMME, souriant.

Non, pas gendarme ; je rentre au pays après avoir fait mon temps.