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XVII

PREMIÈRE ÉTAPE DU GÉNÉRAL.


Pendant que Torchonnet volait, injuriait ses bienfaiteurs, pendant que Jacques le défendait et gagnait à l’école des bons points et des éloges, pendant qu’Elfy comptait les heures et les jours qui la séparaient de son futur mari, pendant que madame Blidot veillait à tout, surveillait tout et pensait au bien-être de tous, le général marchait d’un pas résolu vers Domfront, escorté de Moutier qui le regardait du coin de l’œil avec quelque inquiétude ; pendant la première demi-lieue, le général avait été leste et même trop en train ; à mesure qu’il avançait, son pas se ralentissait, s’alourdissait ; il suait, il s’éventait avec son mouchoir, il soufflait comme les chevaux fatigués. Moutier lui proposa de se reposer un instant sur un petit tertre au pied d’un arbre ; le général refusa et commença à s’agiter ; il ôta son chapeau, s’essuya le front.

LE GÉNÉRAL.

Il fait diantrement chaud, Moutier ; depuis Sébastopol, je n’aime pas la grande chaleur ; en avons-nous eu là-bas ! Quelle cuisson ! et pas un abri… J’ai envie d’ôter ma redingote, c’est si chaud ces gros draps !