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L’AUBERGE DE L’ANGE-GARDIEN.

les enfants. Paul avait bien envie de toucher à ce qui était sur la table, mais Jacques l’en empêchait.

« Attends, Paul ; sois raisonnable ; tu sais bien qu’il ne faut toucher à rien sans permission.

PAUL.

Alors, Jacques, veux-tu donner permission ?

JACQUES.

Moi, je ne peux pas, ce n’est pas à moi.

PAUL.

Mais c’est que j’ai faim, moi. Veux manger.

JACQUES.

Attends une minute ; M. Moutier va venir, puis la dame, puis l’autre, ils te donneront à manger.

PAUL.

Est-ce long, une minute ?

JACQUES.

Non, pas très-long… Tiens, les voilà qui arrivent. »

Tout le monde se mit à table ; Jacques hissa son frère sur sa chaise et s’assit près de lui pour le servir. Moutier leur donna une petite tape amicale, et ils se mirent tous à manger une soupe aux choux, à laquelle Moutier donna les éloges d’un connaisseur. Quand la soupe fut achevée, Elfy voulut se lever pour placer sur la table un ragoût de bœuf et de haricots qui attendait son tour, mais Moutier la retint.

« Pardon, mamzelle ; ce n’est pas de règle que les dames servent les hommes. Permettez que je vous en épargne la peine.

— Au fait, dit madame Blidot en riant, vous êtes un peu de la maison depuis que vous nous avez donné ces enfants. Faites à votre idée, et mettez-vous à l’aise comme chez vous.

— Ma foi, madame Blidot, ce que vous dites est vrai ;