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L’AUBERGE DE L’ANGE-GARDIEN.

JACQUES.

C’est comme moi et Paul ; mais fais comme moi, demande à la bonne sainte Vierge de t’aider, tu verras qu’elle le fera ; elle est si bonne !

LE GARÇON.

Mais je ne la connais pas ; je ne sais pas où elle demeure.

JACQUES.

Ah ! mais je ne sais pas non plus moi ! Mais ça ne fait rien ; demande toujours, elle t’entendra.

LE GARÇON.

Oh ! je ne demanderais pas mieux. Mais si j’appelle trop fort, mon maître l’entendra aussi, et il me battra.

JACQUES.

Il ne faut pas crier ; dis tout bas : « Sainte Vierge, venez à mon secours. Vous qui êtes la mère des affligés, bonne sainte Vierge, aidez-moi. »

Le petit malheureux fit comme le lui disait Jacques, puis il attendit.

« Personne ne vient, dit-il, et il faut que je m’en aille avec mon sac, le maître l’attend.

— Attends, je vais t’aider un peu ; nous allons le traîner à nous deux. La sainte Vierge ne vient pas tout de suite comme ça, mais elle aide tout de même. »

Jacques tira le sac, après avoir recommandé à Paul de pousser ; le petit garçon n’avait pas autant de force que Jacques, qui tira si bien, que le sac bondit sur les pierres de la route, qu’il se déchira en plusieurs endroits et que les morceaux de charbon s’échappèrent de tous côtés. Les enfants s’arrêtèrent consternés ; mais Jacques ne perdait pas la tête pour si peu de chose.

« Attends, dit-il, ne bouge pas ; je vais appeler M. Moutier, qui est très-bon ; c’est lui que la sainte