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V

SÉPARATION.


La journée se continua et se termina gaiement pour tous les habitants de l’Ange-Gardien ; les enfants jouèrent, soupèrent de bon appétit et se couchèrent de bonne heure, fatigués de leur journée et surtout de leur nuit précédente. Moutier continua ses bons offices à madame Blidot et à sa sœur pour le service des rares voyageurs qui s’arrêtaient pour se rafraîchir et se reposer. Quand les enfants furent couchés, il resta à causer avec elles sur ce qu’il convenait de faire pour ces pauvres petits abandonnés.

MOUTIER.

Ils ont encore leur père, d’après ce que m’a raconté Jacques ; mais comment le retrouver ? Je ne peux seulement pas savoir son nom ni l’endroit où il demeurait quand les gendarmes l’ont emmené. Peut-être est-il en prison ou au bagne pour quelque grosse faute qu’il aura commise. Peut-être vaut-il mieux pour eux ne pas connaître leur père ; mais il faut tout de même que demain, avant de partir, j’aille faire ma déclaration à la mairie ; on pourrait arriver par là à savoir quel nom leur faire porter. Si le maire vient vous interroger, vous direz la simple vérité. Je vous laisserai