Page:Ségur - La soeur de Gribouille, Hachette, 1886.djvu/144

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Gribouille fit au curé le récit des derniers événements. Le curé approuva tout ce qu’avait fait Caroline, et dit à Gribouille qu’il était très content de les savoir chez M. Delmis.

« Et chez madame, dit Gribouille en souriant avec malice.

le curé, hésitant.

Et… chez madame aussi ! Pourquoi fais-tu une différence entre monsieur et madame ?

gribouille, se grattant la tête.

Parce que…, c’est que… Tenez, monsieur le curé, je ne sais pas m’expliquer, mais… ce n’est pas la même chose… Mme Delmis, voyez-vous,… je crois qu’il faudrait la flatter, lui faire des chatteries,… et cela ne me va pas… Elle a des robes, des robes !… Si vous voyiez ses robes, vous verriez bien que ce n’est pas comme monsieur.

le curé riant.

Je crois bien ! Est-ce que les hommes ont des robes ? C’est toujours la même chose : une redingote et un habit.

gribouille.

Je sais bien… Ce n’est pas ça,… c’est quelque chose…, comment dire ?… C’est comme deux pots de beurre ; ils ont l’air la même chose… vous goûtez à l’un ! c’est bon, vous en mangeriez toujours ; vous goûtez à l’autre !… pouah ! c’est du rance ; vous n’y retournez pas. »

Le curé riait de plus en plus ; Gribouille ne riait pas ; il hochait la tête.