Page:Ségur - La soeur de Gribouille, Hachette, 1886.djvu/157

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gribouille, réfléchissant.

À qui j’obéirais ?… Voyons… Vous, vous êtes mon maître… Caroline est ma sœur… Je dois obéir à mon maître… Caroline l’a dit… Attendez,… j’y suis. J’obéirais à Caroline et pas à vous !

monsieur delmis, souriant.

Je te remercie. Et pourquoi cela ?

gribouille.

Parce qu’une sœur ça ne peut pas se changer… Une sœur reste toujours une sœur. Et un maître, ça se change. Vous êtes mon maître aujourd’hui ; mais, si je m’en vais, vous n’êtes plus mon maître. C’est-y vrai, ça ?

monsieur delmis, riant.

Bravo, Gribouille ! Très bien raisonné.

Ils arrivaient à la maison riant tous deux, M. Delmis des raisonnements de Gribouille, et celui-ci de voir rire son maître. Le dîner était prêt à servir ; Caroline attendait Gribouille pour monter les plats. Elle voulut le gronder d’avoir été en retard pour mettre le couvert, mais Gribouille lui promit de lui démontrer, après le dîner, qu’il n’était pas en faute ; elle remit donc à plus tard les reproches qu’elle voulait lui adresser. Le dîner fut trouvé excellent. Gribouille le servit à merveille ; il était triomphant des éloges que lui adressait M. Delmis, lorsque, en retirant un compotier de framboises, il accrocha la coiffure de Mme Delmis, renversa le compotier et répandit les framboises sur la tête et sur la robe de sa maîtresse.