Page:Ségur - La soeur de Gribouille, Hachette, 1886.djvu/172

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bête qui répète tout ce que je dis, qui m’injurie du matin au soir, qui me donne des coups de bec dans les jambes pendant que je fais mon ouvrage ; qui m’agace, qui me met en colère, qui m’aigrit le caractère ; tout ça par méchanceté, pour m’empêcher d’avoir fini à temps !

caroline.

Quelles folies tu dis là, Gribouille ! Est-ce qu’un perroquet comprend et raisonne ?

gribouille.

S’il comprend ? s’il raisonne ? Je crois bien, qu’il comprend. S’il était bête comme toutes les bêtes, est-ce qu’il parlerait ? est-ce qu’il crierait à tous ceux qui viennent et même aux gens qui passent dans la rue : « Gribouille est bête ! Mon Dieu, qu’il est bête ! Imbécile de Gribouille ! » Et quand on lui demande : « Qui est-ce qui t’a battu, Jacquot ? Qui est-ce qui t’a arraché tes plumes ? » Tu crois qu’il va dire : « Ma foi, je n’en sais rien », ou bien « C’est personne » ; pas du tout ; il prend un air !… Il faut voir son air ! une vraie mine de diable ! et il répond : « C’est Gribouille ! Pauvre Jacquot ! Gribouille a battu. » Et l’autre jour que j’étais enrhumé, que je toussais à faire pitié, tu crois que Jacquot aurait dit : « Pauvre Gribouille ! du sucre à Gribouille » Ah ! bien oui ! Il s’est moqué de moi ; il s’est mis à tousser comme moi, à cracher comme moi, et à dire d’un air tout triste : « Pauvre Jacquot  ! du sucre à pauvre Jacquot ! » Aussi qu’est-il arrivé ? c’est qu’au lieu de me plaindre, les en-