Page:Ségur - La soeur de Gribouille, Hachette, 1886.djvu/181

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

été placé sur une table ! Je les empêcherai d’entrer, pour qu’ils en aient la surprise. » Et Gribouille sortit, ferma la porte à double tour et mit la clef dans sa poche. Quand il rentra à la cuisine, son air radieux frappa Caroline.

caroline.

Qu’as-tu, mon frère ? Tu as l’air enchanté.

gribouille.

Il y a de quoi, ma sœur. Je t’assure que tu ne verras pas souvent des choses arrangées comme elles sont là-haut.

caroline.

Es-tu sûr d’avoir bien fait ? Tu n’as pas eu quelque invention malheureuse ?

gribouille.

Malheureuse ! Si tu appelles malheureuses les idées les plats gracieuses, les plus élégantes !…

caroline.

Ah ! mon Dieu ! quel air solennel tu prends ! Dis-moi ce que tu as fait, Gribouille, ou plutôt je vais monter et jeter moi-même un coup d’œil sur ton couvert.

gribouille.

Monte, Caroline, monte ; seulement, tu ne verras rien.

caroline.

Pourquoi ne verrai-je rien, s’il y a quelque chose ?

gribouille.

Il y a même beaucoup ; mais tu ne verras rien, parce que la clef est dans ma poche.