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Page:Ségur - La soeur de Gribouille, Hachette, 1886.djvu/266

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mettre à la porte le frère et la sœur ; tantôt ils m’ont empêchée d’entrer chez Mme Delmis, ils m’ont jetée à terre, battue, à moitié étranglée ; sans le secours du brigadier de gendarmerie, qui les a repoussés et qui m’a délivrée, ils m’auraient tuée ; le brigadier a été obligé de me reconduire jusque chez moi, tant il craignait que je ne fusse poursuivie par eux.

madame piret.

Jamais je n’aurais cru Caroline…

madame grébu.

Ma chère, vous ne savez pas ce qu’elle est ; ce sont des gens dangereux ; M. le maire s’en est bien aperçu ; c’est pourquoi il ne les garde pas. Croyez-moi, ma chère, ne donnons pas d’ouvrage à la fille, pour la forcer à quitter le pays avec son gredin de frère.

mademoiselle piret.

Le pauvre garçon est à moitié idiot ; je le croyais bon et doux.

madame grébu.

Bon ? doux ?… Méchant, ma chère, méchant comme il n’est pas possible ! Il arrivera malheur ! vous verrez ça ! il tuera quelqu’un en reportant l’ouvrage de sa sœur.

madame piret, avec frayeur.

Ah ! mon Dieu ! Comment ! vous croyez…? Il serait capable…?

madame grébu.

Capable de tout, ma chère ! de tout ! Entendez-vous ? de tout ! »