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Page:Ségur - La soeur de Gribouille, Hachette, 1886.djvu/268

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recula avec effroi ; il lui dit d’une voix ferme :

« Arrêtez, madame ! Écoutez la justification de ma sœur ; elle se tait pour ne pas m’accuser ; elle est plus généreuse que vous, qui accusez sans savoir.

— Insolent ! s’écria Mme Delmis.

— Laissez-moi dire, continua Gribouille en élevant la voix et en repoussant sa sœur qui cherchait vainement à le faire taire, et ne m’impatientez pas, car je commence à m’irriter de vos injustices. C’est moi qui ai arrêté Mme Grébu pour l’empêcher de vous déranger, puisque vous aviez défendu de laisser entrer. C’est moi qui l’ai jetée à terre… C’est moi qui l’ai roulée et un peu serrée. Caroline ne l’a pas touchée ; le brigadier ne l’a pas délivrée, il s’est moqué d’elle ; il l’a emmenée à contre-cœur, parce qu’elle faisait des simagrées et qu’elle prétendait ne pas pouvoir marcher. Vous dites qu’elle est votre amie ! Je vous dis qu’elle est votre ennemie, et qu’elle dit du mal de vous, qu’elle se moque de vos toilettes, qu’elle a voulu vous enlever Caroline en la payant plus cher et en la payant mieux. Mme Piron et Mme Ledoux en disent autant. Vous voilà prévenue ; Caroline est justifiée. Nous sommes contents de vous quitter, et tout de suite encore ; nous ne regretterons que monsieur, qui est bon, lui, et qui n’est pas comme vous ; ce n’est pas lui qui s’occupe de sa toilette, ni de ses dents, ni de ses cheveux !

— Impertinent ! misérable ! » s’écria Mme Delmis, ne pouvant plus maîtriser sa colère.