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Page:Ségur - La soeur de Gribouille, Hachette, 1886.djvu/280

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gribouille.

Caroline, Caroline, pourquoi ce chagrin ? Monsieur est bon, c’est vrai : mais madame est mauvaise et ennuyeuse. Monsieur viendra nous voir ; il l’a dit. Le brigadier viendra : c’est sûr cela. Oh ! tu as beau hocher la tête : je dis, moi, qu’il viendra, puisqu’il t’a dit qu’il t’aimerait comme une sœur. Est-ce que je pourrais vivre sans te voir, moi qui suis ton frère ? Tu ris à présent ! À la bonne heure ! Montre-moi ce que je dois emporter. »

Caroline, distraite par le babil de son frère, l’aida à arranger en paquet leur linge et leurs vêtements ; il chargea le paquet sur son dos et partit, bravement malgré l’obscurité. Il ne s’aperçut pas qu’il était suivi par un homme et une femme qui s’étaient effacés dans l’ombre du mur quand il avait franchi la porte et qui se rapprochaient insensiblement de lui, en s’observant pour ne faire aucun bruit. Comme il avançait près de la maison, seul héritage que leur avait laissé leur mère, il se sentit saisir brusquement par derrière, et, avant qu’il eût eu le temps de crier ou de se défendre, il fut jeté le visage contre terre, maintenu fortement par des mains vigoureuses, et débarrassé de son paquet. Quand il put crier et se relever, il ne vit plus rien que deux ombres qui se sauvaient : dans l’une d’elles il crut reconnaître une femme, de la taille et de la tournure de Rose.

Effrayé, tremblant, il retourna chez M. Delmis ; Caroline fut frappée de sa pâleur ; ses dents claquaient ; il ne put répondre à ses questions qu’après