Page:Ségur - La soeur de Gribouille, Hachette, 1886.djvu/295

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« Coquine, criait-il, tu veux me faire prendre. Vas-tu te taire, vieille criarde ! »

Le brigadier, jugeant la correction assez forte, et craignant pour la vie de Rose, s’élança de sa cachette ; avant qu’il eût pu saisir Michel, celui-ci, qui l’avait aperçu et reconnu, frappa un dernier coup sur la tête de Rose en criant : « Gueuse, tu m’as vendu ! »

Rose tomba sans mouvement ; le brigadier, aidé de son camarade, empoigna Michel et, en moins d’une minute, le garrotta solidement. Le gendarme monta au grenier, d’après l’ordre du brigadier, et en rapporta une lanterne sourde.

« Allumez une chandelle dans la maison, dit le brigadier ; transportons cette femme sur un matelas, s’il y en a un ; quant à l’homme, il est bien garrotté ; on peut le laisser ici jusqu’à ce que nous ayons fini l’inventaire, qui ne sera pas long. »

Le brigadier souleva Rose, qui ne donna d’autre signe de vie que de légers mouvements convulsifs ; il la déposa sur un lit qui se trouvait dans un coin, et se mit à faire des recherches dans la maison. Ils ne trouvèrent rien dans la chambre où était Rose, mais dans le cabinet à côté, dans les armoires, dans le grenier surtout, ils découvrirent une grande quantité d’objets de toute sorte ; le paquet de Gribouille n’était pas encore défait ; on l’avait seulement dénoué et ouvert ; les objets y étaient tous. Le brigadier reconnut des vêtements qu’il avait vus sur Caroline et sur Gribouille, mais il ne voulut toucher à rien avant que le vol fût bien constaté.