Page:Ségur - La soeur de Gribouille, Hachette, 1886.djvu/296

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« Il faut aller chercher du renfort pour emmener Michel et emporter Rose, dit le brigadier ; ramenez Bourdon avec vous. »

Le gendarme partit ; le brigadier resta pour garder les prisonniers : l’un était garrotté, l’autre était à moitié assommée ; il n’y avait aucune crainte qu’ils s’échappassent. Le brigadier se promena de long en large en attendant ses camarades ; il avait l’air préoccupé ; il marchait tantôt vite, tantôt lentement ; Il s’arrêtait, il se parlait à lui-même. Enfin son agitation se calma, et il dit :

« Je consulterai M. le maire ; c’est un homme de bon conseil ; je ferai ce qu’il me dira. Il aime ces pauvres orphelins, il m’aidera. »

Les gendarmes arrivèrent ; on fit un brancard pour emporter Rose ; ils allèrent vers Michel pour lui délier les jambes. Quelle fut leur surprise en ne le trouvant plus. Pendant que le brigadier se promenait en long et en large, Michel avait usé la corde qui liait ses mains en la frottant à l’angle du mur ; une fois ses mains libres, il avait facilement dénoué les cordes qui liaient ses jambes ; se mettant à plat ventre, il se glissa à une certaine distance de la maison et, se relevant, il se mit à marcher doucement, puis à courir jusqu’à ce qu’il fût hors d’atteinte. Remettant la poursuite au lendemain, on revint à Rose, on l’emporta et on la coucha dans une chambre qui précédait la prison ; on fit venir un médecin, qui jugea l’état très grave ; le coup sur la tête était des plus inquiétants ; en la déshabillant,