Aller au contenu

Page:Ségur - La soeur de Gribouille, Hachette, 1886.djvu/355

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Il ne tarda pas à le rejoindre ; car Michel, dans sa frayeur, avait fait fausse route et s’était engagé dans le jardin, entouré d’une haie d’épines ; il voulut se défendre avec un couteau qu’il dégagea de sa ceinture ; mais le brigadier lui assena sur la tête un coup de poing qui l’étourdit et l’étendit par terre.

« À moi ! cria le brigadier, en maintenant Michel avec un genou appuyé sur sa poitrine ; à moi ! Des courroies pour lier le brigand ! Je le tiens ! »

Le camarade n’avait rien vu, mais le bruit du coup de pistolet l’avait attiré dans la chambre, où il avait trouvé Gribouille inondé de sang, et souriant malgré sa blessure.

« Je l’ai sauvé ! dit-il d’une voix étranglée ; j’ai sauvé mon ami ! Je suis bien content… Il appelle ! entendez-vous ? Il appelle !… Vite, allez ! Laissez-moi ; allez ! »

Le gendarme, éclairé par la lanterne sourde que Michel avait laissée tomber dans sa fuite, essayait de soulever Gribouille pour le déposer sur un lit, quand il entendit l’appel du brigadier. Remettant doucement à terre le pauvre blessé, il se dirigea du côté où se faisaient entendre la voix de son chef et les malédictions de Michel, revenu de son étourdissement.

En cinq minutes Michel fut garrotté et laissé sous la garde du gendarme. Le brigadier courut au secours de Gribouille. Il ouvrit tous les volets pour laisser entrer le demi-jour que donnait la lune ; elle venait de se dégager des nuages qui la cachaient.