Page:Ségur - La soeur de Gribouille, Hachette, 1886.djvu/378

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« C’est ainsi que vous m’avertissez, Nanon ! dit-il d’un air mécontent.

— Puisque nous sommes déjà trois, on n’a pas besoin de vous, que je pense. »

Le brigadier leva les épaules, s’approcha de Gribouille enveloppé dans son linceul, et, fléchissant le genou, il récita une courte prière pour le repos de l’âme de son ami. Puis, se relevant, il sortit sans mot dire et alla à la prison voir ce qui s’y passait. D’après ses ordres, on avait été chercher le juge de paix pour faire une enquête sur le double meurtre commis par Michel ; on attendait le magistrat chargé de l’instruction du procès, et l’ordre de transférer le meurtrier au chef-lieu du département.

Tout se fit selon la marche régulière des lois. Michel fut interrogé ; les deux assassinats furent constatés, et le coupable fut emmené, bien garrotté.

Le jugement ne tarda pas à avoir lieu. L’assassin fut condamné à mort et exécuté dans le plus court délai ; il mourut en vrai brigand, refusant de répondre au prêtre qui l’accompagna jusqu’au lieu du supplice, et n’inspirant que du mépris et du dégoût.

Pendant que le brigadier faisait les affaires de son service, les commères ne laissaient pas moisir leur langue. Aussitôt que le brigadier fut sorti, elles se regardèrent avec un malin sourire.

nanon.

Avez-vous vu ? Le brigadier qui s’est agenouillé