Page:Ségur - La soeur de Gribouille, Hachette, 1886.djvu/377

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Comme si je n’avais pas assez de M. le curé, qui ne pense à rien, et de sa Pélagie, qui ne fait rien que prier. Prier ! c’est bon quelquefois ! Elle fait bien la cuisine quand je n’y suis pas, elle fait la lessive, elle savonne, elle repasse, elle raccommode ! par exemple, elle coud bien ! elle fait on ne peut mieux les soutanes et le linge de M. le curé ! La dernière robe qu’elle m’a faite n’allait pas mal non plus. Mais qu’est-ce que tout cela auprès de ce que je fais, moi ? »

Tout en grondant, Nanon terminait l’ensevelissement du pauvre Gribouille ; elle le posa sur le lit garni de draps blancs, elle alluma deux cierges qu’elle avait apportés, mit dans les mains du défunt le crucifix qui reposait sur sa poitrine. Puis elle s’établit dans un fauteuil et attendit deux voisines qu’elle avait, en passant, convoquées pour veiller près du mort. Les voisines arrivèrent, et, après quelques commérages et quelques observations banales, elles tirèrent des poches de leurs tabliers les provisions de café, de sucre, d’eau-de-vie et de pain qu’elles avaient jugées nécessaires pour passer la nuit.

Le brigadier, qui se promenait toujours en long et en large dans le jardin, trouvait que Nanon mettait bien du temps à sa triste opération ; il perdit enfin patience et rentra dans la maison. Sa surprise fut grande de trouver les trois femmes établies dans des fauteuils et causant paisiblement des événements récents.