Page:Ségur - La soeur de Gribouille, Hachette, 1886.djvu/388

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curé rentra et parla au brigadier de la nécessité de hâter son mariage et de procéder, aussitôt après l’enterrement de Gribouille, à la publication des bans et aux autres formalités nécessaires. Le brigadier regarda Caroline, pour deviner quelle était sa volonté.

« Je ferai ce que me conseillera M. le curé, dit-elle, répondant à son regard.

le curé.

C’est bien, mon enfant, je reconnais là votre sagesse et votre douceur accoutumées ; nous allons tout arranger, moi et le brigadier.

caroline.

Je désire seulement que tout se fasse sans fête et sans bruit, tout à fait entre nous, comme le comporte le deuil de nos cœurs.

le brigadier.

C’est ainsi que je l’entends moi-même, Caroline. Notre pauvre frère sera seul présent à notre mariage comme il l’a dit en mourant. »

Caroline pleura, puis sourit. La journée du lendemain se passa comme celle de la veille, entre les larmes et le sourire.

Le jour de l’enterrement arriva. Une foule immense suivait le cercueil ; la mort du pauvre Gribouille avait fait sensation dans la ville, et chacun voulut rendre hommage à son généreux dévouement, en suivant ses restes jusqu’au lieu du repos. À la tête du deuil marchaient le brigadier et M. Delmis : Caroline, retirée dans un