Page:Ségur - La soeur de Gribouille, Hachette, 1886.djvu/47

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

gribouille.

C’est drôle d’aimer comme ça ? Pleurer parce que maman est heureuse sans toi ! Pleurer parce qu’elle ne souffre plus près de toi !

caroline.

Ce n’est pas cela, Gribouille, ce n’est pas cela. Si je venais à mourir, même pour être très heureuse près du bon Dieu, est-ce que tu ne pleurerais pas ? »

Gribouille réfléchit un instant.

« Je pleurerais un peu,… peut-être,… mais je serais si content de te savoir heureuse, et je serais si sûr de te rejoindre un jour, que je me consolerais tout de suite, et que j’attendrais patiemment que le bon Dieu me fasse mourir à mon tour.

— Ce garçon a plus de bon sens que nous tous, ma pauvre fille », dit une voix forte qui fit retourner Caroline et Gribouille.

C’était Nanon, qui était entrée depuis quelques instants, et qui écoutait la conversation de Gribouille avec sa sœur.

« Tu as raison, mon garçon ; c’est-à-dire au fond tu as raison ; mais c’est tout de même triste de ne plus voir ceux qu’on a aimés. Vois-tu, c’est comme une médecine : c’est mauvais à avaler, mais ça fait du bien. Et à présent, va te coucher, mon garçon ; nous n’avons que faire de toi ; tu nous gênerais au lieu de nous aider.

gribouille.

Mais Caroline ?