Page:Ségur - Le général Dourakine.djvu/50

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ordres pour qu’on attelât ses chevaux à sa grande berline de voyage et qu’on allât au-devant de Mme Papofski.

Rassuré sur le sort de sa nièce il se mit à rire de bon cœur de la figure qu’elle devait faire, à pied, sur la grand’route avec ses enfants et ses gens.

« Dites donc, Dérigny, j’ai envie d’aller au-devant d’eux, dans la berline, pour les voir barboter dans la poussière. La bonne histoire ! la voiture partie, eux sur la route, criant, courant, appelant. Ma nièce doit être furieuse ; je la connais, et je la vois d’ici, battant les enfants, poussant ses gens, etc. »

La berline du général attelée de six chevaux entrait dans la cour ; le cocher allait prendre les ordres de son maître, lorsque de nouveaux cris se firent entendre :

« Eh bien ! qu’y a-t-il encore ? Faites taire tous ces braillards, Sémeune Ivanovitch ; c’est insupportable ! On n’entend que des cris depuis une heure. »

L’intendant, armé d’un gourdin, se mettait en mesure de chasser tout le monde, lorsqu’un nouvel incident vint expliquer les cris que le général voulait faire cesser. Un lourd fourgon apparut au tournant de l’avenue, tellement chargé de monde que les chevaux ne pouvaient avancer qu’au pas. Le siège, l’impériale, les marchepieds étaient garnis d’hommes, de femmes, d’enfants.

Le général regardait ébahi, devinant que ce