Page:Ségur - Le général Dourakine.djvu/51

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fourgon contenait, outre sa charge accoutumée, tous les voyageurs de la berline.

Le général

Sac à papier ! voilà un tour de force ! C’est plein à ne pas y passer une souris. Ils se sont tous fourrés dans le fourgon des domestiques. Ha, ha, ha ! quelle entrée ! Les pauvres chevaux crèveront avant d’arriver !… En voilà un qui bute !… La tête de ma nièce qui paraît à une lucarne ! Sac à papier ! comme elle crie ! Furieuse, furieuse !… »

Et le général se frottait les mains comme il en avait l’habitude quand il était très satisfait, et il riait aux éclats. Il voulut rester sur le perron pour voir se vider cette arche de Noé. Le fourgon arriva et arrêta devant le perron. Mme Papofski ne voyait pas son oncle ; elle poussa à droite, à gauche, tout ce qui lui faisait obstacle, descendit du fourgon avec l’aide de son courrier ; à peine fut-elle à terre qu’elle appliqua deux vigoureux soufflets sur les joues rouges et suantes de l’infortuné.

« Sot animal, coquin ! je t’apprendrai à me planter là, à courir en avant sans tourner la tête pour me porter secours. Je prierai mon oncle de te faire donner cent coups de bâton.

Le courrier

Veuillez m’excuser, Maria Pétrovna : j’ai couru en avant d’après votre ordre ! Vous m’aviez commandé de courir sans m’arrêter, aussi vite que mon cheval pouvait me porter.