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Page:Ségur - Le mauvais génie.djvu/195

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alcide.

Je paye et j’emporte. Voici de l’or ; ça fait combien à donner ?

l’horloger.

Ce n’est pas malin à compter ; cent vingt et cent trente, ça fait deux cent cinquante. Voici vos montres et leurs clefs ; plus un cordon parce que vous n’avez pas marchandé. »

Alcide tira de sa poche une multitude de pièces de vingt francs ; il en compta dix, puis deux ; puis deux pièces de cinq francs que lui avait rendues le garçon de café, et rempocha le reste.

l’horloger.

Tu as donc fait un héritage ?

alcide.

Non, mais j’ai un nouvel ami, riche et généreux, qui a voulu que nous eussions des montres. Au revoir, cousin.

l’horloger.

Au revoir ; tâche de m’amener ton ami.

alcide.

Je te l’amènerai ; ce sera un vrai service que je t’aurai rendu, car la vente ne va pas fort, ce me semble.

l’horloger.

Pas trop ; d’ailleurs, plus on a de pratiques et plus on gagne. »

Les deux fripons s’en allèrent avec leurs montres dans leur gousset ; Alcide était fier et tirait souvent la sienne pour faire voir qu’il en avait une. Frédéric, honteux et effrayé, n’osait toucher à la sienne de peur qu’une personne de connaissance ne la vît et n’en parlât à son père.