Page:Ségur - Le mauvais génie.djvu/78

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julien.

Il paraît qu’il était ici tout près, caché dans un buisson, pendant que je défendais mes dindes contre cette dame qui voulait m’en prendre une. Dès qu’elle a été partie, il a sauté hors de son buisson, il est arrivé à moi en courant ; il a voulu me saisir les mains, je me suis défendu avec ma baguette, je l’ai cinglé de mon mieux. Au lieu de se fâcher, il s’est mis à rire ; plus je cinglais, plus il riait, et le voilà qui rit encore à s’étouffer. Tenez, voyez, le voilà qui se roule… Je vais me sauver avec mes dindes ; … le voilà qui se calme : il ne disait qu’un seul mot, toujours le même tarké, tarké ! »

Les rires de l’Anglais reprirent de plus belle.

madame bonard.

N’aie pas peur, mon Julien, reste là ; ce M. Georgey veut une bête de ton troupeau, qu’il appelle tarké. Et voici sa servante, Mlle Caroline, qui venait en acheter une ; c’est moi qui te l’envoyais.

julien, troublé.

Je ne savais pas, maîtresse. Je vous fais bien mes excuses, ainsi qu’à Mlle Caroline. Je craignais, ne la connaissant pas, qu’elle ne me volât une de vos dindes, comme l’avait fait Alcide. »

L’Anglais, voyant l’air confus de Julien, crut que Mme Bonard le grondait. Son rire cessa à l’instant ; il se releva et dit :

« Vous, Madme Bonarde, pas gronder Juliène : Juliène il était une honnête pétite, une excellente pétite ; il avait battu mon Caroline beaucoup fort ; il avait poussé le money de Caroline ; il avait voulu boxer Caroline ; il avait battu moi. C’était très bien,