Page:Ségur - Le mauvais génie.djvu/85

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alcide.

Voilà qui est lâche, par exemple ! Moi qui te croyais si bon ami, qui faisais ton éloge à tous nos camarades, tu me plantes là comme un nigaud que tu es. Quel mal faisons-nous en causant ? Quel droit ont tes parents de t’empêcher de te distraire un instant, après t’avoir fait travailler toute la journée comme un esclave ? Ne peux-tu pas voir tes amis sans être battu ? Faut-il que tu ne voies jamais que tes parents et ce petit hypocrite de Julien qui cherche à se faire valoir ?

frédéric.

Julien est bon garçon, je t’assure. Il m’aime.

alcide.

Tu crois cela, toi ? Si tu savais tout ce qu’il dit et comme il se vante de prendre ta place ! Crois-moi, on te fait la vie trop dure. Voici la foire qui approche ; je parie qu’ils ne te donneront pas un sou, et il te faut de l’argent pour t’amuser. Il faut que nous en fassions, et nous en aurons. Veux-tu m’aider ?

frédéric, hésitant.

Je veux bien, si tu ne me fais faire rien de mal.

alcide.

Sois tranquille. Mais séparons-nous, de peur qu’on ne te voie ; je t’expliquerai ça dimanche quand nous nous reverrons ici. »

Et les deux amis se quittèrent.

Quand Bonard rentra du labour avec Frédéric qui était venu le rejoindre, et qu’il ne laissait plus seul à la maison que pour le travail nécessaire, Mme Bonard leur raconta les aventures de