Page:Ségur - Les Bons Enfants, édition 1893.djvu/106

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même chose… Je ne sais pas comment expliquer cela.

Valentine.

Mon pauvre Léonce, tu es bon et tu n’es ni méchant ni bête ; j’étais un peu en colère contre toi d’avoir fait pleurer Mina, qui est la sœur de ma bonne, que j’aime beaucoup ; pardonne-moi et embrasse-moi. »

Léonce et Valentine s’embrassèrent bien tendrement.

Le papa de Valentine, qui les avait écoutés, appela Léonce.

« Veux-tu que je t’explique, mon ami, ce que tu ne pouvais pas comprendre tout à l’heure ?

Léonce.

Oh oui ! mon oncle, je vous en prie.

M. de Régis.

Quand tu as fait de la peine à quelqu’un sans le vouloir, ton cœur souffre parce qu’il est bon, mais ta conscience reste tranquille.

Valentine.

Quelle différence y a-t-il, papa, entre le cœur et la conscience ? Où est la conscience ? Est-ce qu’elle est près du cœur ?

M. de Régis.

La différence, mon enfant, c’est qu’avec le cœur nous aimons, nous nous affligeons, nous nous réjouissons ; et avec la conscience nous sentons que nous faisons mal ou bien, nous sentons que nous avons mérité une punition et que nous l’aurons. Et c’est pourquoi, Léonce, tu avais ce ma-