Page:Ségur - Les Bons Enfants, édition 1893.djvu/137

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

d’insistante une chose si peu raisonnable ? Il y a quelque chose là-dessous. Voyons, Camille, avoue-moi la vérité. Pourquoi ne veux-tu pas aller avec tes cousins et cousines ? »

Camille ne crut pas devoir cacher plus longtemps la vérité à sa maman ; elle lui raconta ce qui était arrivé pour les paniers et comment elle avait voulu renoncer à être de la procession.

« Vous m’avouerez, maman, ajouta-t-elle en prenant un air riant, que je ne serai pas bien malheureuse de marcher derrière la procession avec vous, au lieu de marcher en avant ; au contraire, ce sera même plus agréable pour moi, car je verrai l’effet qu’ils produiront en lançant leurs fleurs.

— Tu es une excellente petite fille, lui répondit sa maman en l’embrassant, et tu mérites bien la surprise que veulent te faire tes cousins et cousines, et tous les enfants du village.

Camille.

Quelle surprise, maman ? On ne m’a rien dit.

La maman.

Puisque c’est une surprise, on ne devait te rien dire ; mais je suis dans le secret, moi.

Camille.

Et vous l’avez un peu trahi, maman, par bonté pour moi.

La maman.

C’est vrai ! mais je ne pouvais pas et je ne devais pas te laisser dans l’embarras que tu m’as confié et dans la tristesse que je voyais sur ta pauvre figure, ordinairement si gaie. Partons, mainte-