Page:Ségur - Les Bons Enfants, édition 1893.djvu/140

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

qui, ne portant pas de panier, s’était retirée derrière les enfants et près de sa maman.

« Mademoiselle Camille, dit-il, ayez la bonté de venir recevoir le présent des enfants du village, de vos cousins, cousines et amies, en signe de reconnaissance et d’affection. »

Camille, fort surprise, avança et reçut des mains du curé la jolie bannière, dont il lui fit lire l’inscription. Des larmes de bonheur vinrent mouiller les yeux de Camille ; elle se retourna vers les enfants rassemblés.

« Merci, mes amis ; mille fois merci. C’est vous qui êtes bons et aimables : c’est moi qui dois être reconnaissante. Quelle bonne et aimable surprise ! Merci, monsieur le curé, ajouta-t-elle en se retournant vers lui. Ayez la bonté de bénir la bannière et celle qui la portera. »

Et, s’agenouillant aux pieds du curé avec sa bannière inclinée vers lui, elle reçut sa bénédiction.

Les rangs se reformèrent, Camille marchant en tête de la procession. Chacun admirait la bannière et la charmante petite fille qui la portait avec tant de recueillement. Camille se sentait heureuse, mais pas fière : car elle n’était pas du tout orgueilleuse, et prenait pour un acte de bonté ce qui n’était que la juste récompense de sa propre bonté, de son dévouement et de sa modestie.

Quand la cérémonie fut terminée, Camille demanda au curé la permission d’offrir sa bannière à la sainte Vierge et de la laisser toujours près de son autel. Le curé y consentit, et Camille alla