Page:Ségur - Les Bons Enfants, édition 1893.djvu/182

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mon Dieu ! Lamalice, où es-tu ? Par où a-t-elle passé, que je ne l’ai ni vue ni entendue sortir ?

— Je suis ici, cousine, près de vous.

— Où donc ? Je ne te vois pas. »

La mère Sanscœur se tournait de tous côtés : personne. Elle entendait la petite, mais ne la voyait pas. Effrayée de ce prodige, elle allait appeler au secours, quand Lamalice apparut sur sa chaise, près de sa cousine et la regardant avec un air fort embarrassé. Nouvelle surprise. Lamalice, rouge, les yeux baissés, ne disait mot. La mère Sanscœur prenait un air de plus en plus mécontent :

« Lamalice ! que veut dire cela ? Comment as-tu fait pour disparaître et reparaître ? Dis-moi vrai. Voyons, parle.

— Cousine, je ne puis rien vous dire, répondit Lamalice les larmes aux yeux.

— Pourquoi cela ? Parce que tu n’oses pas m’avouer que tu es en rapport avec le diable ?

— Oh ! cousine, comment pouvez-vous croire… ?

— Alors explique comment tu as disparu comme tu l’as fait.

— Tout ce que je puis vous avouer, cousine, c’est qu’on m’a défendu de rien dire.

— Et tu crois que je vais te garder dans ma maison pour êtes ensorcelée, endiablée comme toi ! Tiens, tu n’es plus ma parente. Va-t’en, que je ne te revoie plus.

— Cousine, je vous en supplie, ne me chassez pas, je suis innocente, je vous le jure. Attendez, du moins, jusqu’au retour de mon cousin, ce soir.