Page:Ségur - Les Bons Enfants, édition 1893.djvu/192

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J’ai mon idée ; demain je l’exécuterai. La fille sera brûlée ou pendue, et j’aurai leur jardin et leur poirier. »

Pendant ces réflexions du méchant Esbrouffe, Lamalice, enchantée d’avoir retrouvé son dé, se mit à l’ouvrage ; mais l’ouvrage n’avançait pas : le dé était bien à son doigt pourtant. Inquiète de ce changement, elle voulut essayer les autres vertus du dé, et, le mettant au quatrième doigt, elle demanda à sa cousine :

« Me voyez-vous, cousine ?

— Je crois bien, que je te vois ; je ne suis pas encore aveugle, Dieu merci.

— Hélas ! mon dé a perdu ses vertus ! il ne nous défendra plus contre Esbrouffe. »

Pendant qu’elle parlait, la souris parut au milieu de la chambre :

« Tu m’as désobéi, Lamalice ; tu as dit à ta cousine ce que je t’avais défendu de raconter. Tu as perdu ainsi la puissance que je t’avais donnée pour résister à Esbrouffe. Je t’avais pourtant avertie. Ne t’en prends qu’à toi des malheurs qui te menacent. »

Lamalice pleurait sans répondre. Qu’aurait-elle dit ? La souris avait raison. Mais la souris était une bonne fée : les larmes de Lamalice et son silence l’attendrirent.

« Écoute, lui dit-elle, il y a un moyen pour toi de retrouver ce que tu as perdu ; c’est de consentir à garder le minet d’Esbrouffe prisonnier chez toi malgré ses menaces et surtout ses promesses. Si tu