Page:Ségur - Les Bons Enfants, édition 1893.djvu/197

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— Pourquoi donc nous avez-vous menti, Esbrouffe ?

— Pourquoi nous avez-vous dérangés de notre travail ?

— Pourquoi nous avez-vous amenés ici pour faire peur à ces braves gens et nous faire faire une sottise ?

— Vous serez la cause que tout le village va rire de nous et de notre belle équipée.

— À bas Esbrouffe !

— Une roulée à Esbrouffe.

— Pan ! Voilà pour t’apprendre à mentir.

— Pan ! pan ! pif ! paf ! » Les coups pleuvaient sur Esbrouffe, qui faisait gros dos et mine piteuse, mais qui n’en reçut pas moins une grêle de coups de poing et de coups de pied.

« Vous vous trompez, mes bons amis ; je n’ai pas menti, je n’ai pas calomnié. Je vous jure que j’ai vu plusieurs fois Lamalice entrer chez moi, les portes bien fermées, puis disparaître sans que je pusse deviner comment ; que je l’ai entendue parler à mon oreille sans la voir ; qu’elle m’a souffleté, battu, sans qu’il me fût possible de l’apercevoir ; qu’en un mot elle est sorcière si jamais il en fut. »

Esbrouffe parla tant, qu’il parvint encore une fois à leur faire croire que Lamalice était une sorcière ; et cette foule, qui avait failli le mettre en pièces quelques instants auparavant, se remettait sous sa direction pour commettre une odieuse injustice.

Cette fois, Sanscœur ne put parvenir à se faire