Page:Ségur - Les Bons Enfants, édition 1893.djvu/251

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Chacun tira ; ce fut Camille qui se trouva avoir la plus courte ; mais elle s’aperçut que Louis était tout triste de ne l’avoir pas eue ; elle fit semblant de trouver la terrine trop lourde et la donna au petit Louis, dont le visage devint radieux. M. Éliant s’aperçut seul de la bonne action de Camille et l’embrassa tendrement, en lui disant tout bas :

« C’est bien ce que tu as fait, ma petite Camille. »


Louis portait la terrine.

Quand ils arrivèrent à la ferme, les enfants se mirent à appeler les poules, qui ne tardèrent pas à accourir. Chacun leur jeta l’avoine trempée d’eau-de-vie ; elles la mangèrent avec avidité et ne tardèrent pas à donner les mêmes symptômes d’ivresse que le cochon : elles sautaient, caquetaient, se battaient, faisaient un tapage extraordinaire. Quand la fermière arriva, elle fut étonnée de leur agitation et voulut les faire rentrer au poulailler, car l’heure de leur coucher était arrivée. Elle eut toutes les peines du monde à les faire rentrer ; quand une partie des poules était rassemblée, l’autre se débandait et recommençait les sauts et les batailles ; les enfants s’amusaient beaucoup de cette agitation et se mirent tous à aider la fermière, qui suait, qui n’en pouvait plus. Enfin on parvint à enfermer les poules. Mais les cris et