Page:Ségur - Les Bons Enfants, édition 1893.djvu/276

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Un jour la reine était seule et pleurait. La fée Bonsens venait précisément lui faire une visite.

« Pourquoi pleurez-vous, chère reine ? lui demanda-t-elle.

La reine.

Parce que tous mes sujets ont des enfants ; moi seule je n’en ai pas. Moi qui aime tant les enfants ! Je serais si contente d’en avoir !

La fée.

Si vous aviez des enfants, chère reine, ce serait peut-être pour votre malheur ; laissez les fées et la reine des fées arranger les choses à leur idée ; elles savent ce qu’il vous faut.

La reine.

Il me faut un enfant ; je veux un enfant ; et je serai malheureuse tant que je n’aurai pas d’enfant.

La fée.

Vous n’êtes pas raisonnable, chère reine. Je vous laisse vous désoler toute seule, ajouta-t-elle, voyant que les pleurs de la reine redoublaient, car, pour votre bonheur, je ne veux pas vous accorder ce que vous désirez. »

La fée disparut en achevant ces mots, et la reine recommença ses gémissements.

« Fée Prodigue, fée Prodigue, s’écria-t-elle, vous ne me refuseriez pas comme l’a fait votre sœur, si je vous le demandais ! »

La fée Prodigue apparut immédiatement.

« Qu’est-ce, ma bonne petite reine ? Vous m’avez appelée ? Et pourquoi ces larmes sur ces jolies joues ?