Page:Ségur - Les Bons Enfants, édition 1893.djvu/277

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
La reine.

Bonne et chère fée ; je veux un enfant et je n’en ai pas.

La fée.

Et c’est pour cela que vous pleurez, ma reinette ? Vous êtes pourtant heureuse ! Qui sait ce que deviendra votre bonheur avec des enfants ?

La reine, pleurant plus fort.

C’est égal, j’en veux un. Oh ! bonne fée, donnez-moi un enfant.

La fée.

Je vous en donnerai deux, ma bonne petite reine. Ce n’est pas pour rien que je m’appelle Prodigue. Vous aurez deux filles dans peu de temps.

La reine.

Merci, bonne et aimable fée ; votre sœur, à qui j’avais fait la même demande, vient de me refuser ; j’étais bien sûre que vous ne feriez pas comme elle.

La fée.

Ma sœur est un peu trop sage, dit la fée en souriant, et les gens sages sont souvent ennuyeux. Adieu et au revoir, ma bonne reine ; je reviendrai vous voir dès que vos filles seront nées. »

La fée disparut, laissant la reine transportée de joie ; elle courut raconter au roi la promesse de la fée ; il en fut enchanté, quoiqu’il conservât un peu d’inquiétude du refus de la fée Bonsens. Quelque temps après, la reine eut deux filles, comme le lui avait dit la fée. Aussitôt qu’elles furent nées, la fée Prodigue parut, et, prenant dans ses bras une des petites princesses, elle l’embrassa et lui dit :