Page:Ségur - Les Bons Enfants, édition 1893.djvu/324

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nous avions commencé par être très sages et très tranquilles, et puis nous nous sommes animés en défendant et en attaquant Sophie, et vous êtes malheureusement entrée au plus beau moment de la bataille.

Madame de Rouville.

De la bataille ? Vous vous battiez donc ?

Camille.

Une bataille pour rire, maman ; les uns tiraient Sophie, les autres voulaient la dégager, et aucun de nous ne voulait céder.

Madame de Rouville.

Ce sont des jeux qu’il ne faut pas recommencer, mes enfants ; Mme Delmis a dû croire que vous vous battiez tout de bon, et j’en suis fâchée pour vous ; elle a deux filles qu’elle m’avait promis d’amener à sa première visite ; je crains qu’elle ne veuille pas leur faire faire connaissance avec des enfants qui se battent.

Sophie.

Ma tante, dites-lui que c’est ma faute, et que mes cousins et cousines sont bien innocents.

Madame de Rouville.

Pourquoi veux-tu que je lui dise un mensonge, ma pauvre Sophie ? Tu es trop généreuse.

Sophie.

Mais ce n’est pas un mensonge du tout, ma tante ; je ne dis que la vérité ! »

Et Sophie raconta à sa tante ce qui était arrivé, et comment, en réparant une sottise, elle avait attendri ses cousins et cousines, qui avaient failli