Page:Ségur - Les Bons Enfants, édition 1893.djvu/350

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insupportable fille ! Plus désagréable qu’elle n’est grosse ! ce qui n’est pas peu dire.

Sophie, se levant aussi

Voyons, que veux-tu ? Veux-tu boxer ? j’y suis. »

Sophie se met en posture pour boxer. Léonce s’élance sur elle, Sophie se sauve en riant et ne revient plus. Léonce se cache près de la porte par laquelle elle est sortie ; les enfants rient et attendent. Sophie apparaît, sans faire de bruit, à une autre porte derrière Léonce ; elle fait signe aux autres de ne rien dire. Léonce se penche avec précaution pour voir si elle arrive ; un petit jet d’eau lui tombe sur la nuque et dans l’oreille. Pendant qu’il se retourne pour voir d’où cela vient, Sophie se sauve précipitamment.

« Qu’est-ce que c’est ? qu’est-ce que c’est ? dit Léonce avec colère. Qui m’a lancé cela ? »

Les enfants rient tous. Léonce cherche dans leurs mains, dans leurs poches, il ne trouve rien et commence à se fâcher. Sophie rentre et dit :

« C’est moi, Léonce, c’est moi ; j’ai voulu te rafraîchir le sang en te seringuant un peu d’eau. Tout cela c’est pour rire, vois-tu. Je t’aime beaucoup, tu sais, et quand je te taquine, c’est toujours pour rire, et je ne t’en aime que plus. »

Léonce n’avait pas l’air de trop approuver la plaisanterie de Sophie ; mais, comme il était bon garçon, il se décida à en rire, et on ne parla plus que de l’intéressante histoire de Louis.