Page:Ségur - Les Bons Enfants, édition 1893.djvu/361

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
Henriette.

Comment veux-tu qu’on les égorge, puisqu’on ne voit rien à leur cou quand on les sert à table ?

Jeanne.

C’est vrai ! Alors… on les étouffe peut-être.

Henriette.

Ce n’est pas facile d’étouffer des écrevisses avec leur grosse écaille dure. Au reste nous allons le savoir, puisque nous les verrons cuire à la cuisine, et tu penses bien qu’avant de les cuire il faut les tuer.

Jeanne.

Certainement ; je sais bien. »

On ne fut pas longtemps à arriver à la cuisine, et on remit au cuisinier le panier rempli d’écrevisses.

« Allez-vous les tuer tout de suite, Luche ? lui dit Jeanne.

Luche.

Oui, mademoiselle, je vais les faire cuire tout de suite.

Jeanne.

Tant mieux, car je voudrais bien voir comment vous les tuez.

Luche.

Je ne les tue pas, mademoiselle ; elles meurent toutes seules.

Jeanne.

Et de quoi donc ? Est-ce de peur ?

Luche.

Je ne pense pas, mademoiselle : c’est la chaleur qui les étouffe.